Le vélo en hiver dans d’autres pays : inspiration des habitué.es du froid

28 novembre 2023

Le fameux adage : il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais équipements, se vérifie avec notre article d’aujourd’hui. 

On le sait, le vélo toute l’année permet des bénéfices sur la santé et l’environnement. Néanmoins, quand arrive l’hiver, avec son froid, sa pluie et ses journées raccourcies, notre motivation à enfourcher notre ami à deux roues peut fléchir. Quelles sont les pratiques inspirantes venant d’ailleurs qui permettent de maintenir les cyclistes sur la route ?  

Au Québec

Au Québec, par exemple, 190 000 adultes ont continué de pédaler entre décembre 2019 et mars 2020, soit 10 000 de plus que cinq ans auparavant, souligne une étude de Vélo Québec. À Montréal, la part des cyclistes qui continuent à rouler durant la saison froide a également grimpé, passant de 8,4 % à 13,6 % entre 2016 et 2020. Les températures sont parfois sous les 20°C mais cela n’empêche pas les cyclistes de s’élancer dans le froid. On compte 560 cyclistes en moyenne sur les pistes du boulevard Saint-Laurent et de l’Acadie à Montréal entre le 21 décembre 2019 et le 20 mars 2020#notes. On va même jusqu’à compter le nombre de personnes à vélo qui disent ne pas être incommodées par des températures allant jusqu’à -20 °C : ce serait 70 % des Canadien·nes. Quand on interroge les Montréalais certains déclarent : “J’aime particulièrement rouler en pleine tempête de neige. La ville est parfaitement silencieuse, c’est magique».

 

Tous ces chiffres peuvent nous paraître aberrants, mais cela ne tient pas du hasard ou uniquement de la bravoure des canadien·nes : il y a une véritable volonté politique qui permet le maintien des pistes cyclables déneigées et déglacées (à 80% en 2022). La neige au sol est correctement damée et donc absolument pas glissante. Le pire ennemi des vélos n’est pas la neige mais la glace, il faut donc agir en prévention afin d’éviter la formation de plaques de verglas en épandant du sel avant le début des précipitations. La ville fournit également des conseils : les cyclistes peuvent s’équiper de pneus d’hiver avec des picots métalliques, parfaits pour accrocher dans la neige et aider à ne pas déraper. Le sel pouvant attaquer l’acier du vélo (cadre, chaîne, cassette, …), il faut également penser à le nettoyer régulièrement.

https://le-velo-urbain.com/etyre-chaussette-clou-pneu-velo-neige/

A Copenhague

Plus proche de nous, à Copenhague, les pistes cyclables sont déneigées et salées avant les routes pour voiture, chacun ses priorités ! Cela s’ajoute à une volonté politique qui met l’accent sur la sécurité de chacun·e et le partage des voies publiques : en baissant les limites de vitesses, en investissant dans une infrastructure sécuritaire, etc. 

En Finlande

Considérée comme la capitale du vélo d’hiver, Oulu, en Finlande est impressionnante : environ 12% de tous les déplacements pendant la saison froide sont réalisés sur deux roues. Et environ un cycliste sur deux pédale 365 jours par année, même par -20 degrés Celsius et moins. Cela grâce à une infrastructure adaptée (largeur suffisante des routes partagées, pas de diviseur de voies au milieu de la route qui peuvent être dangereux si cachés par la neige) et des chasse-neiges dont les lames créent des sillons compatibles avec des pneus standards de vélo, non cloutés. Autre avantage : les axes cyclables bien dessinés entre banlieue et centre optimisent la sécurité en toute saison.

 

Quelques conseils de cyclistes du grand nord : « Il faut avoir un peu froid en sortant de la maison afin de ne pas avoir trop chaud après cinq minutes sur le vélo ». Autre conseil avisé : si vraiment on voit que les voitures dérapent, il vaut mieux ne pas risquer et laisser son vélo une fois de temps en temps. 

 

Un coup de pouce pour les novices : l’association Mobilité Active Ahuntsic-Cartierville à Montréal offre une formation pour initier les résidents au vélo d’hiver. Il s’agit d’une formation clé en main qui fournit des accessoires nécessaires (pneus cloutés, pneus à crampons etc.) en plus d’un accompagnement individuel pour les personnes souhaitant se mettre au vélo d’hiver. Des conseils pratiques tels que baisser la selle en hiver pour pouvoir mettre son pied à terre si on dérape, ou choisir de baisser la pression des pneus pour plus d’adhérence à la route sont divulgués. 

En France

En France, des progrès sont encore à faire :

Dans l’Hexagone, il est vrai que les régions françaises ne sont pas exposées de la même manière face aux chutes de neiges. Il est en effet plus rare de voir des flocons à Marseille qu’à Grenoble. Bien que le déneigement des routes soit quasi automatique dans toutes les villes de France, on ne peut pas en dire autant pour les aménagements cyclables. Comme l’explique Olivier Razemon sur son blog, rares sont les villes ayant des consignes précises concernant les pistes cyclables. Le dégagement des voies cyclables est à la discrétion des services de voirie.”

Si le service public doit y mettre du sien pour valoriser la mobilité douce d’ici là, certains conseils sont universels et sont facilement applicables par toutes et tous. Une synthèse efficace est proposée par l’association Mieux se Déplacer à Bicyclette : préférer le multicouche à la grosse doudoune afin de pouvoir se dévêtir en chemin (car même en hiver, pédaler donne chaud), prévoir un vêtement de rechange une fois arrivé.e à destination et bien couvrir ses extrémités. Là où la température passe sous la barre du 0°C, éviter le verglas et ne pas craindre la neige sur laquelle adhère bien les VTT et les VTC (s’assurer tout de même que vos pieds peuvent rapidement toucher le sol en cas de glissade). Et surtout, un des conseils les plus importants : soyez lumineux ! L’hiver est la saison la plus sombre et la première des sécurité est de vous rendre visible auprès des autres.